24.4.09

La Mélancolie des dragons @ Centre Pompidou

alors voilà. Du théâtre comme je veux en voir. D'ailleurs j'en vois pas beaucoup.
La Mélancolie des dragons c'est de la poésie loufoque arythmique aux faux airs de série Z. Philippe Quesne déjoue les artifices de la mise en scène théâtrale, les démonte, les décortique, les exhibe, pour les rendre encore plus magiques à la fin... si bien qu'on ne sait plus vraiment distinguer les artifices du décor des artifices de l'histoire. ouais je sais ça paraît compliqué comme ça, et il se trouve que c'est effectivement un peu perturbant... (ndlr: je suggère aux personnes un peu fatiguées nerveusement d'éviter de lire le paragraphe qui suit, il m'a épuisée aussi, c'est pour ça que je l'ai mis en gris clair, c'est moins agressif) 
Car, une des questions qu'on se pose par exemple à un moment donné, c'est : où commence la fausse neige et où finit la vraie? enfin pas la "vraie" de vraie (la froide et humide qui fond dans les mains, nan, celle-là est hors propos) mais celle qui est déjà là sur scène quand on arrive dans la salle (qui n'est pas non plus celle que les comédiens sortent de leur machine à fausse neige pendant le spectacle... qui, pourtant, en vrai, dans la réalité pas théâtrale, est la même, de la fausse neige quoi) et qui est du coup censée être de la vraie neige.. du moins dans l'histoire qui se joue sur scène, de la vraie neige fictive en somme, celle que, par convention, on doit pensée vraie puisqu'on joue le jeu en tant que spectateur de croire que ce que l'on voit sur scène n'est pas un décor, mais une sorte de réalité, un truc qu'on imagine réel en tout cas... bref. Il semblerait qu'on puisse déduire de ce "constat" que l'imagination des spectateurs contribue largement à la matérialisation de situations invraisemblables, et à, par exemple, rendre probable l'existence d'une forêt enneigée dans le sous-sol du centre Pompidou... wooooaw ATTAQUE MENTALE. Je vous rassure le spectacle de Philippe Quesne n'a rien d'aussi abrutissant que ce que je viens d'écrire. Je devrais pas réfléchir.. en même temps que j'écris..

Enfin, quoiqu'il en soit, il se trouve qu'à la fin c'est magique, malgré tout ça. 
Et on s'en aperçoit vraiment pas tout de suite... en tout cas ça se passe à peu près entre l'apparition des protagonistes, sorte d'ersatz de vieux rockeux gentils aux faux cheveux longs qui écoutent les Scorpions en buvant des bières dans leur AX, et puis l'installation de leur Parc d'attraction ambulant où fausse neige (la fameuse..), ventilateur, vidéoprojecteur, machine à bulles et fontaine artisanale forment une introduction à une "danse" d'édredons géants faits de bâches scotchées ensemble et remplies d'air de ventilo (un des chevelus l'a expliqué quelques minutes plus tôt). Ben ouais, comme ça avec des mots, tout de suite, on se rend pas compte... Et pourtant, ces édredons qui dansaient ont suspendu le temps, et là on se dit que c'est surprenant comme la magie peut surprendre parfois (les redondances lexicales aussi.)... Même (et surtout!) transmise par des comédiens qui ressemblent plus à des techniciens machinistes qu'à des érudits de la langue française. Tfaçon ya pas de texte alors. Et tac! ça donne quand même des frissons, c'est de la poésie brute. point final.

En bonus, une vidéo pirate prise pendant l'interlude guitare-pipeau reprise de I'm still loving you des Scorpions.. oh yeah faites voler vos cheveux gras au son du vent, la fausse neige sera peut-être au rendez-vous...